Le 08 juin 2017

France 2 a diffusé le mardi 6 juin 2017 une émission intitulée « Le test qui sauve », animée par Michel CYMES et Adriana KAREMBEU, en sa qualité d’ambassadrice de la Croix-Rouge française. Si la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) se réjouit qu’une émission relayant des messages forts en termes de formation du grand public aux gestes qui sauvent soit diffusée à une heure de grande écoute et sur une chaîne nationale, elle ne peut que déplorer et désapprouver fortement les messages contre-productifs délivrés, en particulier concernant le risque incendie.

Tout ceci est insupportable et la FNSPF a fait savoir à tous les acteurs de cette émission que les sapeurs-pompiers de France se tenaient disponibles pour travailler à l’avenir sur des scénarios plus proches des conditions réelles et des mises en situation qui permettraient réellement aux téléspectateurs d’agir en citoyens acteurs de leur propre sécurité.

Ainsi, la FNSPF a fortement réagi et a publié des messages sur les réseaux sociaux indiquant le caractère scandaleux des messages diffusés. Les Unions départementales sont invitées à relayer ces messages largement.
La FNSPF a également adressé des courriers de mécontentement :

  • À France 2 ;
  • Aux sociétés de production de l’émission, ainsi qu’à l’animateur ;
  • À l’entreprise privée (FFI – Fort Domont) qui a diffusé les messages sur le risque incendie ;
  • Au président de la Croix-Rouge française, ainsi qu’à son ambassadrice ;
  • Au directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.

En effet, bien que partenaire de la Croix-Rouge française lors de la campagne de Grande cause nationale 2016 « Adoptons les comportements qui sauvent », la FNSPF n’a jamais été consultée ni sollicitée au cours de l’élaboration de ce programme. Ainsi, les sociétés de production ont choisi de faire appel à une société privée de formation incendie plutôt qu’au service public d’incendie et de secours des sapeurs-pompiers, dont l’une des missions est précisément la formation, prévention et sensibilisation du grand public face aux risques.
Par ailleurs, notre incompréhension est d’autant plus grande que les démonstrations effectuées par cette société sont certes spectaculaires, mais surtout extrêmement dangereuses et diffusent des messages de conduites à tenir propices à aggraver la situation des personnes en danger.

En effet, la spectaculaire démonstration du feu de friteuse (qui plus est en extérieur, donc hors de conditions réelles) aboutit à des conseils de conduite à tenir consistant à éteindre le feu soi-même par l’apposition d’un couvercle ou d’une serpillière humide. Or, ce geste est particulièrement dangereux à effectuer par le téléspectateur et l’expérience quotidienne des sapeurs-pompiers démontre qu’elle donne régulièrement lieu à des brûlures extrêmement graves aux avant-bras ainsi qu’à des intoxications graves dues à la toxicité des fumées d’aliment en feu.

Aussi, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France recommande de ne pas intervenir soi-même, de se protéger et d’appeler les secours afin de ne pas risquer d’aggraver la situation. Si nous ne remettons pas en cause le geste, nous pensons que seules des personnes dûment formées et équipées (ce qui n’est pas le cas du téléspectateur) peuvent le pratiquer.
Concernant les détecteurs de fumée, les conseils prodigués consistent à n’en disposer qu’un seul dans le couloir. Or, il est bien plus efficace et recommandé d’en disposer également dans les chambres, afin de réveiller le plus rapidement possible les personnes endormies. Car les retours d’expérience des sapeurs-pompiers démontrent qu’elles sont un lieu très courant de départ d’incendie. C’est une recommandation qui a été largement communiquée par la FNSPF, le ministère de l’Intérieur et le ministère du Logement, depuis 2015 lors de l’entrée en vigueur de l’obligation d’équipement des foyers français.
De la même façon, la conduite à tenir en cas d’incendie domestique présentée est partielle et porte à confusion pour d’autres situations que celle précisément exposée. Le meilleur conseil aurait simplement été de se prémunir des fumées où qu’elles soient et d’appeler les secours, plutôt que de chercher à déterminer la localisation de l’incendie. Le risque est grave, il importe d’être précis !
Enfin, le cas d’extinction de la personne brûlée par le barbecue (qui a par ailleurs été quelque peu laborieuse) n’est pas un exemple à montrer, car il peut laisser penser au spectateur novice que la situation n’est pas grave et qu’il saura réagir dans une situation similaire. Il aurait été nécessaire d’insister davantage sur la prévention de cet accident que sur cette démonstration spectaculaire.

 

En complément, les images tournées dans le fort de Domont montrent l’animateur de l’émission, Michel CYMES, en tenue de feu, au plus près du foyer d’un incendie domestique ou encore se promenant sous des fumées embrasées le tout sans aucune protection respiratoire. Nous considérons que sa santé a dès lors été gravement mise en danger par la toxicité des fumées. De son propre aveu, l’animateur a ensuite eu des sécrétions nasales noires durant deux jours à la suite de cet exercice. Une telle mise en danger n’est pas acceptable et ne devrait pas être pratiquée et les images encore moins diffusées à plus de 2 400 000 spectateurs (chiffres Médiamétrie).

Source : FNSPF